Face à l’intensification de la prédation du loup sur les troupeaux ovins de notre département, Thierry Lahaye, président de la Chambre d’agriculture, exprime la profonde inquiétude du monde agricole dans une lettre ouverte.
« Malgré les engagements de Madame la Présidente de la Commission Européenne (le 4 septembre 2023) et du Président de la République (le 3 juillet 2025), la situation des éleveurs face à la prédation du loup s’est progressivement détériorée. Depuis plusieurs mois, la prédation des loups s’intensifie dans notre département. Les attaques se multiplient, fragilisant chaque jour davantage nos élevages ovins et mettant en péril une filière déjà en grande difficulté.
Les constats sont alarmants : une meute comprenant au moins sept à huit louveteaux a été recensée cet été. Derrière ces chiffres, ce sont des brebis tuées, des troupeaux terrorisés, des éleveurs découragés. Cette réalité, ce sont des hommes et des femmes qui la vivent au quotidien, souvent dans l’indifférence générale. Je veux ici dire toute ma solidarité et mon soutien aux éleveurs. Leur engagement est exemplaire : ils entretiennent nos paysages, préservent les prairies naturelles, garantissent la vitalité de nos campagnes. Mais aujourd’hui, leur travail est menacé.
Au-delà des risques environnementaux, les conséquences économiques sont tout aussi préoccupantes : chute des revenus, perte d’attractivité du métier, baisse des installations, réduction des volumes de production. Ce sont l’ensemble des filières qui sont impactées, jusqu’aux abattoirs et aux circuits de transformation. Si rien n’est entrepris rapidement, le printemps prochain risque d’être dangereusement difficile, avec l’éclatement de la meute et une intensification des attaques.
La Chambre d’Agriculture s’engage pleinement aux côtés des éleveurs pour mettre en place des solutions concrètes. Nous portons notamment un projet pilote de clôture de protection, qui doit être reconnu par le Plan National d’Action Loup dès 2026, afin de sécuriser durablement nos troupeaux. Mais ce dispositif ne pourra voir le jour qu’avec un soutien fort des pouvoirs publics et de l’ensemble des acteurs territoriaux.
Nous appelons donc à une prise de conscience générale. L’agriculture est l’affaire de tous : elle concerne notre alimentation, notre environnement, notre économie et la vie de nos territoires ruraux. Nous ne pouvons pas laisser nos éleveurs seuls face à cette menace. Nous réaffirmons ici que l’ambition des systèmes polyculture-élevage constitue une solution d’avenir pour une agriculture durable en Haute-Marne et dans le Grand Est.
La Chambre d’Agriculture de Haute-Marne, avec l’ensemble des élus de la session et en lien avec le mouvement syndical agricole, restera mobilisée aux côtés des éleveurs. Elle continuera à défendre la filière ovine, soutenir les exploitations et interpeller les décideurs.
Pour nos éleveurs, pour notre agriculture, pour nos territoires : il est temps de réagir ».
Thierry Lahaye, président de la Chambre d’agriculture de Haute-Marne

