Les conseillers APVA de la Chambre d’agriculture font le point sur les conséquences de la forte pluviométrie : salissement des parcelles, terres profondes pénalisées, qualité dégradée et développement des maladies.
« En mars nous avions pratiquement un mois d’avance en somme de température et en avancement de stade. Mais aujourd’hui on se rapproche d’une date de moisson classique, la grande vague devrait commencer début juillet » explique Jean-Michel Dubois. « On a eu énormément peur avec la gelée d’avril, mais finalement cela n’a eu qu’un effet minime sur les céréales d’hiver et aucun impact sur le colza ».
La campagne est marquée par de fortes précipitations avec plus de 900 mm d’eau depuis le 19 octobre et plus de 500 mm depuis le 1er janvier. Rien que sur les cinq derniers mois la pluviométrie est équivalente à une année culturale. D’habitude l’eau est un facteur déterminant en Haute-Marne, mais cette année elle devient une contrainte. « Les éleveurs n’arrivent pas à faucher et en plus le foin n’est pas de grande qualité » indique Antonio Pereira.
Ces conditions particulières se sont traduites par une large période de semis. Les orges de printemps ont été semées jusqu’à la fin avril, « dans des conditions qui n’étaient pas optimales », déclarent les conseillers, qui précisent qu’ils restent « encore quelques parcelles de maïs à semer ».
Beaucoup d’hectares de tournesol ont été resemés à cause des dégâts causés par les corbeaux, les sangliers et les limaces. « Certains agriculteurs ont fait deux semis puis ont carrément abandonné la culture de tournesol pour faire un sarrasin », relate Jean-Michel Dubois.
De son côté, Antonio Pereira note une « situation hors norme pour la pression limace actuelle et à venir à plus ou moins brève échéance ».
Les conseillers constatent également « le salissement d’une grande partie de la plaine », avec « des parcelles de blé qui étaient belles il y a un mois, mais qui ont aujourd’hui tellement de vulpins que certains agriculteurs ont été obligés d’ensiler ». D’après Laurent Vernier, « la pluviométrie de l’automne a limité la rémanence des produits phytosanitaires ».
Impact sur la qualité
La forte pluviométrie pénalise le potentiel des terres profondes et devrait avantager les petites terres, avec « un niveau de peuplement épis nettement inférieur à l’année dernière », d’après Antonio Pereira. Mais le gros point noir est l’impact sur la qualité car l’état sanitaire des cultures se dégrade, « notamment en céréales avec la fusariose qui va se développer », prévient Jean-Michel Dubois. La ramulariose est présente sur les orges d’hiver et maintenant sur les orges de printemps, tandis que de nouvelles maladies apparaissent sur le colza comme le mycosphaerella.
Pour les conseillers, il est clair que 2024 « ne sera pas une année record en terme de productivité », mais c’est surtout l’aspect qualitatif qui les inquiète : « qu’est ce que ça va donner en terme de commercialisation ? » s’interrogent-ils. Réponse dans les prochaines semaines.
Les pois tirent leur épingle du jeu
La seule note positive vient des protéagineux, qui « n’ont jamais été aussi beaux car ils ont eu de l’eau du début jusqu’à la fin de la floraison et pas de fortes températures, donc il y a des gousses et des grains. C’est un potentiel qu’on aimerait bien avoir tous les ans, cela laisse présager ce qu’on a connu en 2021 », explique Antonio Pereira.