Les éleveurs avaient déjà alerté sur les conséquences des courants électromagnétiques lors de l’assemblée générale du GDS l’année dernière.

Des élevages victimes de courants électromagnétiques

Les éoliennes et les antennes relais peuvent avoir des conséquences très importantes sur les animaux, car ils sont particulièrement sensibles aux courants électromagnétiques. Ces derniers peuvent aussi impacter les humains. Des éleveurs témoignent.

Les éoliennes et les antennes relais diffusent des champs électromagnétiques dans le sol, qui s’amplifient avec l’humidité. Certains éleveurs sont fortement impactés. Jacques Ricour, ingénieur et trésorier au CDC 52*, a recueilli 150 témoignages en France. Il explique que « les symptômes sont toujours les mêmes : diminution de la production de lait de façon significative, mammites à répétition, boiteries, évitement des animaux vers certains obstacles, mort subite avec des problèmes cardiaques très importants, saignement des naseaux ou des yeux, veaux mort-nés et naissance de beaucoup de jumeaux ».

De plus les éoliennes émettent des infrasons, inaudibles pour les humains, mais par pour les animaux. « Il y a les pales qui tournent et les mâts qui vibrent. Ces infrasons se propagent par le sol et peuvent parcourir jusqu’à 10 km, provoquant du stress chez les animaux et les humains. Les défenses immunitaires des animaux sont diminuées, alors quand on a une épidémie comme la FCO en ce moment, cela provoque un dépérissement supplémentaire des troupeaux », précise Jacques Ricour.

Se faire entendre


Des mesures réalisées sous contrôle d’huissier au GAEC de la Liez, à Lecey, et au GAEC de Stron, à Darmannes, révèlent un niveau de bruit bien souvent supérieur à ce que prescrit la législation du travail. « C’est compliqué de travailler tous les jours, on n’est pas bien à certains endroits, on a des maux de tête et des nausées, il faut se déplacer. En salle de traite ma fille prend du courant dans les bottes malgré les dalles en plastique », explique Sandra Varney, du GAEC de la Liez. « Lorsqu’on déplace un veau au mauvais endroit il devient tout mou et refuse de téter. On a des problèmes d’immunité, des boiteries, des mammites et énormément de mortalité. Les autopsies révèlent des coeurs très durs, les vétérinaires ne savent pas pourquoi. On a beaucoup d’amaigrissement sur des vaches à qui on donne des minéraux. On est passé de 34 l de lait par vache à 17 l en gardant la même ration. Economiquement c’est difficile, on a deux fois moins d’argent qui rentre alors qu’on donne la même nourriture. On ne veut pas nous croire alors qu’on est 30 000 agriculteurs en France à être impactés ». Au GAEC de Stron, les symptômes sont similaires sur les éleveurs et leurs animaux.
A Leschères sur le Blaiseron, le GAEC du Deffaut a perdu 100 vaches en 8 ans. « Les vaches ne veulent pas rentrer dans la salle de traite, elles enjambent les portes et se blessent. Elles ont des problèmes d’immunité et des trayons esquintés. Une vache est morte d’une crise cardiaque dans le parc d’attente situé au-dessus d’une faille avec une éolienne au bout. Ce n’est pas la première à mourir à cet endroit. A l’autopsie le coeur était dur et la paroi beaucoup plus épaisse que la normale », témoigne Christophe Thiéblemont. « On a 15 jumeaux par an, c’est anormal sur un cheptel de 170 vaches. Je perds entre 70 et 80 veaux par an. On a eu des mammites gangraineuses alors qu’on n’en avait jamais eu. En période sèche ça va mieux, mais dès qu’il se met à pleuvoir les animaux ne sont pas bien. Economiquement c’est compliqué, en plus on a énormément de frais vétérinaires. Il faut qu’on arrive à démontrer qu’il y a des effets pour se faire entendre et qu’on nous écoute. On n’est pas contre les éoliennes, mais elles ne doivent pas être implantées n’importe comment ».
Le GAEC Chauffetet, à Belmont, est confronté à ces problèmes depuis 5 ans. « L’an dernier on a perdu 69 bêtes sur les 350 du cheptel, récemment on en a perdu 8 en 12 jours », déclare Johann Chauffetet. « Quand on emmène les vaches dans le bâtiment elles se dégradent petit à petit malgré les traitements. Comme le courant vient du sol les vaches se protègent en faisant plus de corne alors on doit faire du parage deux fois par an. On a 90 % du troupeau qui boite, les vaches ont des hématomes, certaines saignent du nez en permanence et on est obligé de les vendre avant qu’elles meurent, elles partent au prix d’un veau. Les vaches font 18 l de lait en moyenne au lieu de 28 l. Le vétérinaire ne sait pas quoi faire. On entend qu’on est des incapables et qu’on devrait changer de métier. Les gens ne nous croient pas, mais il faut le vivre ». L’éleveur ajoute qu’il n’arrivait plus à dormir dans sa maison lorsque des éoliennes situées à proximité ont été mises route.

« Les agriculteurs ne veulent pas en parler »


Depuis 2017 le GAEC des Grands Prés, à Noyers, fait face à des champs électromagnétiques d’éoliennes et d’antenne relais. « On a perdu 37 veaux et 10 vaches en 15 jours lors du passage à la 5 G en décembre 2022. Les vaches ne veulent plus passer au robot de traite, on a des boiteries et la mortalité explose quand il y a de la pluie ou du vent. A l’autopsie, le coeur est dur et deux fois plus gros que la normale », indique Ophélie Groslevain. « On est à 10 l de lait par vache avec une ration de 20 l, donc mon atelier n’est plus rentable. On a entre 450 000 et un million de cellules, sans mammite. On doit passer en commission tous les 9 mois pour avoir l’autorisation d’être collecté. Au niveau sanitaire on est obligés d’être irréprochables, mais ça ne fonctionne pas. En été les vaches peuvent trouver un endroit dans le pré où elles se sentent bien, mais je redoute l’hiver quand elles sont enfermées dans le bâtiment. Au début on pensait qu’on travaillait mal, mais quand on fait tout correctement, on a la réalité en face. Et les agriculteurs ne veulent pas en parler ».

Tous ces éleveurs font régulièrement appel à un géobiologue. Son intervention permet de réduire pendant quelque temps les effets des champs électromagnétiques, mais sans régler le problème à long terme.
Un groupe de 5 agriculteurs travaille avec le GDS et la Chambre d’Agriculture sur ce sujet. Souhaitant obtenir un soutien de l’État, une rencontre a eu lieu en Préfecture en août 2023, mais qui est restée sans suite. Jacques Ricour évoque « un scandale sanitaire, alors que des exploitants sont au bord du gouffre ». Les agriculteurs rencontrant des problèmes similaires sont invités à contacter le CDC 52 ou le GDS.

*Le Comité de Défense des Citoyens de Haute-Marne (CDC 52) accompagne les agriculteurs victimes des champs électromagnétiques.

Les éleveurs avaient déjà alerté sur les conséquences des courants électromagnétiques lors de l’assemblée générale du GDS l’année dernière.