Les éleveurs ont eu de riches échanges avec le docteur Thibault Lejeune concernant la prévention des maladies.

Les mesures sanitaires à prendre face aux avortements

Cette année le GDS a changé le format de ses cantonales avec trois rendez-vous en janvier sur le thème des maladies abortives. Le docteur Thibault Lejeune, vétérinaire, a présenté les différentes maladies et a donné des conseils de prévention.

Les cantonales ont permis de faire un bilan sanitaire du département, notamment la FCO. Au 2 janvier la Haute-Marne comptait 463 foyers de FCO-3 et 6 de FCO-8. Le vétérinaire Thibault Lejeune conseille de vacciner les cheptels contre la FCO, y compris ceux qui ont contracté la maladie, car « il n’y a aucune garantie que l’animal ayant eu le virus génère un taux d’anticorps suffisant et durable pour être protégé ». La couverture vaccinale est encore insuffisante, de l’ordre de 30 %, alors qu’il faudrait atteindre 80 % pour pouvoir enrayer la maladie. « Je ne sais pas prédire qu’elle sera la conjonction de la FCO-3, de la FCO-8 et de la MHE qui arrivera peut-être », déclare Thibault Lejeune. En effet la MHE, maladie émergente depuis septembre 2023, arrive de l’ouest de la France et se rapproche petit à petit de la Haute-Marne.
Autre inquiétude pour le GDS, l’apparition de la besnoitiose en Haute-Marne qui touche déjà 7 élevages. Appelée « maladie de la peau d’éléphant », elle est causée par un parasite et se transmet via des insectes hématophages comme les taons ou les mouches piquantes. Souvent asymptomatique, la maladie touche tous les bovins et peut entrainer des dégâts économiques (perte de production laitière, mortalité, avortements), ainsi qu’une stérilité des taureaux. « La besnoitiose est une bombe à retardement sur notre département », souligne Francis Populus, président du GDS, qui conseille aux éleveurs de faire un dépistage sérologique systématique de tous les bovins achetés. « Un antiparasitaire est pertinent pour limiter la diffusion de la besnoitiose, d’autant plus que cela servira aussi pour la FCO », ajoute Thibault Lejeune.

De nombreuses mesures de sécurité


Le docteur Lejeune a ensuite présenté les différentes maladies abortives. Pour rappel, un avortement est la mort du fœtus, généralement suivie de son expulsion quelques jours plus tard, entre 42 jours après la fécondation et la fin de la gestation. Cela englobe également la mort du nouveau-né dans les 48 heures après sa naissance. La déclaration est obligatoire au vétérinaire sanitaire dès le premier avortement pour les bovins et dès le troisième ou plus sur une période de 7 jours pour les ovins. L’enregistrement de chaque avortement, même isolé, sur le registre d’élevage est obligatoire. Enfin, pensez à déclarer l’avortement/la naissance au service d’identification (information de fin de gestation).
Face à un avortement, des mesures doivent être mises en place : porter des gants pour toute manipulation, car certaines maladies sont transmissibles à l’Homme, isoler la mère avortée pour éviter la contamination des autres animaux et maintenir à l’abri (de la chaleur, de la lumière et des carnivores) l’avorton et les produits d’avortement jusqu’à la venue du vétérinaire. Ensuite il faut nettoyer et désinfecter le matériel utilisé en cas d’assistance à la mise bas (même les habits), ainsi que le box d’isolement où la femelle a séjourné. Après le passage du vétérinaire, les déchets d’avortement doivent être détruits. Il est possible de les brûler, de les enfouir profondément en les recouvrant de chaux vive (au moins 60 cm pour les protéger des carnivores) ou de les mettre à l’équarrissage (de préférence dans un bac pour y empêcher l’accès).
Par la suite, il faut mettre en place des mesures d’hygiène pour les visiteurs et ne pas vendre d’animaux à d’autres élevages. La contamination pouvant se faire par le lait, les femelles ayant avorté ne doivent pas adopter un jeune, il vaut mieux les réformer. La prévention des maladies passe par du sanitaire sur l’exploitation : lutter contre les rongeurs (qui peuvent diffuser des germes au sein de l’élevage), maitriser le parasitisme et l’alimentation, éviter l’alimentation au sol et avoir des points d’eau propres. La meilleure prévention reste le contrôle sérologique à l’introduction, « l’idéal est de mettre en place une quarantaine à l’introduction, le temps d’avoir les résultats », conseille Thibault Lejeune.

Le GDS propose à ses adhérents une aide pour le financement de certaines analyses concernant les maladies abortives, mais aussi un diagnostic et un suivi, en lien avec le vétérinaire. Les éleveurs sont invités à participer à l’assemblée générale du GDS le vendredi 21 mars au lycée agricole de Chaumont.