Après un rassemblement en matinée, les manifestants se sont promenés en forêt.

Prédations : le cri d’alerte

Plus de 300 personnes ont répondu à l’appel de la FDSEA, de la FDPL et des JA le 25 septembre à Millières contre la pression du loup. Exploitants agricoles, politiques, mais également chasseurs et maires sont venus manifester.

Les attaques de loups se multiplient et la naissance de 7 louveteaux au printemps fait craindre le pire. Dans un communiqué du 15 septembre la Préfecture a dénombré 550 prédations depuis le début d’année (dont 474 « loup non exclu ») et a demandé l’intervention de la brigade mobile d’intervention de l’OFB. Alors que les attaques se concentrent dans le Bassigny, un loup a été photographié à Fayl-Billot dimanche dernier.

C’est donc logiquement dans le Bassigny, à Millières, que la FDSEA, la FDPL et les JA 52 ont appelé à manifester le 25 septembre contre les prédations.
La mobilisation a été particulièrement suivie, il y avait des exploitants agricoles, mais aussi des chasseurs et des maires. Gilles Desnouveaux, maire de Reynel, soulignait que « s’il n’y a plus de gibier à cause du loup, mon adjudicateur de chasse ne voudra plus chasser et les recettes représentent 10 à 15 % du budget de ma commune. Pour certaines communes c’est encore plus ».
Plusieurs élus sont venus apporter leur soutient : le sénateur Bruno Sido, le député Christophe Bentz, le président du Conseil départemental Nicolas Lacroix ou encore le président de la fédération départementale des chasseurs Thomas Corvasce.


Moyens de production mis à mal


« Cela fait longtemps qu’il n’y avait pas eu autant de monde dans une manifestation agricole », s’est réjouit Sébastien Riottot, président de la FDSEA, qui estime que « nos moyens de production sont mis à mal ». Il prend en exemple l’accord de libre-échange entre l’Europe et le Mercosur, considérant que « le message est terrible parce qu’il ouvre les portes du monde avec des produits et des normes qu’on nous interdit ».

Concernant les attaques de loup, le président de la FDSEA constate « une escalade de la violence envers nos troupeaux, les éleveurs se lèvent le matin avec la boule au ventre ». Il rappelle qu’en plus des décès des animaux, il y a aussi les avortements et la baisse de productivité.

Conséquences : « il devient très difficile d’installer un jeune, dans pas longtemps il n’y aura plus d’élevage ovin ». Sébastien Riottot dénonce « une politique court-termiste » qui « a fait s’installer le loup » et qui emmène « à de la décroissance » et donc à de l’importation, alors que notre pays ne produit que 46 % de la viande ovine qu’il consomme.

Politiques incohérentes


« Cela fait 10 ans que nos politiques sont incohérentes, rien n’est fait pour limiter l’augmentation des populations de loups. Aujourd’hui c’est à nous de nous défendre », lance Thomas Millot, président des JA. Pour la FDPL, Agnès Aubertin, rappelle que les prédations impactent également les éleveurs bovins et équins. « Il faut qu’on agisse, le loup n’a rien a faire chez nous ».

« On demande que l’administration s’occupe réellement du problème, c’est à dire qu’il faut faire du prélèvement sur ces loups », déclare Samuel Guenin, en charge du dossier loup à la FDSEA. Selon lui la mise en place de clôtures électrifiées est très coûteuse, très chronophage et n’est pas efficace. « On se rend compte qu’en France plus il y a de protections, plus il y a d’attaques. Le loup s’adapte, la seule solution est de le réguler ».

La réglementation du protocole de tir devrait s’assouplir l’année prochaine. Le tir de défense pourrait être réalisé sur simple déclaration, et non plus sous condition d’autorisation (arrêté préfectoral), pour les éleveurs situés en zone de prédation (lire en page 13). Mais pour Sébastien Riottot, « c’est trop tard, le mal est déjà fait, il y a eu beaucoup trop de victimes ».

Samuel Guenin rappelle que les tirs de défense devront toujours s’inscrire dans le respect de la réglementation actuelle.
« Il y a trop de contraintes dans le processus de tir, ce changement de réglementation est un coup d’épée dans l’eau. Le fait qu’il n’y ait plus besoin d’arrêté préfectoral ne changera rien. La preuve, en Haute-Marne les arrêtés sont pris très rapidement, mais il n’y a pas de tirs ».