Le président du Conseil départemental Nicolas Lacroix a rencontré la profession agricole au laboratoire départemental d’analyses le 9 octobre pour faire un point sur l’épidémie de FCO. Il a annoncé un plan d’accompagnement aux éleveurs au premier trimestre 2025.
A Choignes, le laboratoire départemental d’analyses est en pleine ébullition face à la forte progression de la FCO en Haute-Marne. Les dix agents du laboratoire ont réalisé jusqu’à 300 analyses en un mois. C’est donc dans ce lieu que Nicolas Lacroix, président du Conseil départemental, a réuni la profession agricole pour échanger sur les conséquences de la FCO.
L’occasion pour le président du Département de rappeler l’importance du laboratoire, en particulier pendant les crises comme le covid, ou celle qui touche maintenant les éleveurs : la FCO. Cette épizootie, appelée également maladie de la langue bleue, est transmise aux ruminants par un moucheron piqueur. Elle n’est pas transmissible à l’Homme et n’a aucun impact sur la qualité sanitaire de la viande ou du lait.
Au 10 octobre, la Haute-Marne comptait 250 foyers de FCO sérotype 3 sur des ovins et 101 foyers sur des bovins. 2 foyers sérotype 8 sont confirmés sur des bovins, 1 foyer sérotype 3 et 8 est confirmé sur un bovin et 25 suspicions sont en cours d’analyse. « La situation ne fait qu’empirer. Et lorsque le pic de la maladie sera passé, cela ne voudra pas dire l’arrêt des symptômes et des décès », souligne Samuel Guenin, vice-président du GDS, en charge de la FCO. Il parle de « résultats catastrophiques dans la Meuse avec des taux d’équarrissage qui ont augmenté de 70 % sur les bovins et 420 % sur les ovins, c’est dramatique ! ». Les Pays-Bas, touchés par la FCO l’année dernière, ont enregistré sur les petits ruminants entre 40 et 60 % de perte du cheptel total. « Demain la baisse du cheptel haut-marnais est à craindre, les éleveurs fortement impactés vont-ils continuer ? », s’interroge l’éleveur. En France, l’impact de la FCO sur toute la filière est estimé à 13 millions d’euros.
Situation inquiétante
« La situation est inquiétante pour les éleveurs. La filière ovine n’avait pas besoin de ça, le loup complique déjà les choses, et en plus il y a les mauvaises récoltes », déclare Nicolas Lacroix. « Le Département va vous aider, on ne vous laissera pas tomber, mais il faut qu’on attende que les choses se stabilisent, car la crise est en cours , les conséquences ne sont pas terminées, pour l’instant on n’a pas de chiffres précis sur les dégâts ».
Le président propose d’entretenir « des relations très régulières » avec la profession agricole et affirme qu’il y aura un « plan d’accompagnement des éleveurs au premier trimestre 2025 ». « On vous fera des propositions », indique Nicolas Lacroix, qui craint que la FCO « ralentisse les installations ». Par ailleurs, le président du Département indique qu’il a invité Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, « pour qu’elle vienne passer une journée en Haute-Marne et qu’on lui montre tous les aspects de notre agriculture ».
Plusieurs éleveurs ont témoigné. Quentin Rallet a eu douze vaches touchées par la FCO, certaines ont vu leur production passer de 45 kg à 3 kg de lait. « En Meurthe-et-Moselle, qui est touchée depuis plus longtemps que nous, il y a 20 à 40 % de perte de lait en moyenne sur les troupeaux infectés. On est encore en ébullition par rapport à d’autres départements », explique l’éleveur de Cirey les Mareilles. « J’ai vu des bovins qui maigrissent rapidement et finissent par mourir. Pour les élevages ovins, on ne sait pas ce que cela va donner dans les mois à venir avec la perte de fertilité et les avortements. La remise en état des troupeaux va être compliquée », souligne Samuel Guénin. « La vaccination c’est beaucoup de travail, j’ai dû embaucher quelqu’un pour m’aider, il a fallu trois jours pour vacciner tout le cheptel ».
Maxime Peigney précise que les bovins doivent avoir une deuxième injection de vaccin 21 jours après la première et qu’il faut encore attendre 60 jours pour pouvoir commercialiser des broutards à l’export. « Financièrement il va falloir assurer l’alimentation et hiverner les animaux alors qu’ils seraient aptes à être commercialiser aujourd’hui », explique l’éleveur de Velles, qui ajoute que l’injection doit obligatoirement être réalisée par un vétérinaire. Encore des frais supplémentaires pour les éleveurs.
Moralement très difficile
Concernant le dépistage de la maladie, Pascaline Geoffroy, directrice du laboratoire départemental d’analyses, rappelle que « trois analyses sont prises en charge par l’État, par élevage et par espèces, si un élevage a des bovins et des ovins, il a droit à 6 analyses ». Sandrine Brauen, éleveuse à Fresnoy en Bassigny, indique que « certains vaccinent et d’autres non, cela dépend de la sensibilité et du contexte de chaque éleveur, mais aussi des finances, car cette année c’est très compliqué. Moralement c’est très difficile, on est inquiets pour l’avenir ».
« On a fait un travail avec le GDS pour sensibiliser les éleveurs à vacciner contre la FCO et à désinsectiser. La désinsectisation est un élément complémentaire pour lutter activement contre la FCO », indique Marc Poulot, président de la Chambre d’agriculture.
Le GDS rappelle qu’il faut vacciner une bête saine et en bonne santé, car vacciner une bête malade peut empirer les choses. Une journée de testage de fertilité des béliers par spermatogénèse va être organisée le 18 octobre chez Cobevim à Foulain. La Chambre d’agriculture, la FDSEA, les JA, le GDS et la FDPL enquêtent actuellement auprès des éleveurs pour estimer l’impact de la maladie.
Les vaccins contre la FCO sérotype 3 sont gratuits, la vaccination reste à la charge de l’éleveur. 700 000 doses de vaccins ont été attribuées sur le Grand Est, dont 360 000 pour les ovins. En revanche, le vaccin pour le sérotype 8 n’est pas pris en charge par l’État, mais il est en rupture de stock.