Eric Krezel (au micro) plaide pour un véritable statut de l’élu.

Les maires ruraux se mobilisent pour l’avenir

L’association des Maires ruraux de Haute-Marne était en assemblée générale le 15 février à Is-en-Bassigny. Le président Eric Krezel invite les maires ruraux à s’engager car les élections municipales auront lieu l’année prochaine.

« A un an des élections municipales, l’enjeu c’est l’avenir, celui de nos communes et de ses habitants », introduit Eric Krezel, président de l’association des maires ruraux de Haute-Marne (AMR 52). Le maire de Ceffonds a ensuite évoqué plusieurs sujets comme la santé, « avec notre combat pour une meilleure répartition des médecins », ainsi que le ZAN (zéro artificialisation nette) : « tout le monde est favorable au fait d’utiliser intelligemment l’espace et de ne pas consommer les terres agricoles, mais il ne faut pas que les villages soient interdits de se développer en habitants ou en entreprises ».

Eric Krezel plaide pour un véritable statut de l’élu « pour être mieux protégé et que la fonction devienne acceptable pour ceux qui veulent s’engager ». Parmi les mesures évoquées : sacraliser la fonction de maire par une journée d’accueil en début de mandat en Préfecture et avec une journée de formation par an ; inscrire le statut de l’élu dans le code du travail « afin permettre aux élus en activité, surtout dans le privé, d’exercer leur mandat dans de meilleures conditions » ; octroyer une bonification des trimestres de retraite par année de mandat ; donner à chaque maire de commune rurale un forfait mensuel de 500 euros correspondant « à la part de sa fonction d’agent d’État ».

« Engagez-vous »

« Engagez-vous sera notre mot d’ordre », poursuit Eric Krezel, « Il faut montrer que nos communes gardent des possibilités d’actions, malgré les transferts obligatoires irréalistes des lois sur l’intercommunalité comme la sinistre loi NOTRe. Il reste de la place à l’initiative, sur l’animation et la culture, les projets liés à la transition écologique, le développement des commerces et des lieux de convivialité. Engagez-vous pour que votre village soit bien intégré aux dispositifs des services publics. Engagez-vous pour que de nouveaux habitants viennent dans vos communes. Mobilisons nous pour l’avenir ! ».

« Je veux saluer l’engagement quotidien des maires 24 heures sur 24, qu’ils soient ruraux ou urbains. Il n’y a pas d’heures de bureau, pas de samedi ou de dimanche », souligne Guillaume Thirard, secrétaire général de la Préfecture, qui félicite par ailleurs les 40 communes haut-marnaises retenues pour le programme Villages d’Avenir. Ce dispositif vise à aider les communes rurales à réaliser leurs projets de développement via un accompagnement en ingénierie.

Transition écologique

Bernadette Retournard, vice-présidente de l’AMR 52, a mis en avant le dispositif ERRE (Elu rural relai de l’égalité), un réseau de conseillers municipaux qui « écoute les personnes confrontées à des violences intrafamiliales et les aiguille pour qu’elles soient prises en charge ».

William Joffrain, vice-président de l’AMR 52 est ensuite revenu sur le grand atelier de la transition écologique, mis en place en 2023 et qui a mobilisé 100 maires ruraux en France. L’objectif est de faciliter l’implication des élus locaux dans la lutte contre le changement climatique avec un engagement « par le bas » des démarches de transition, dans une approche citoyenne et collective plutôt que technique. « C’est changer la manière de faire les choses pour qu’il y ait plus d’acceptation et d’appropriation dans la population et les élus locaux », explique William Joffrain.

« Cet atelier permet de varier les approches à la cause écologique, raconter les transitions différemment et reconstruire de la confiance sociale et institutionnelle », poursuit William Joffrain. « Les communes rurales sont complètement favorables à travailler pour la transition écologique, mais on ne veut surtout pas la subir, on veut la construire avec la volonté communale locale ». Eric Krezel ajoute que « la ruralité représente 80 % de la surface nationale, donc la transition écologique se passera chez nous. Il faut aller de l’avant ».

Patrimoine et ruralité

Le patrimoine communal a ensuite été abordé à l’occasion d’une table ronde. « Le patrimoine conçu, décidé d’en haut, n’est pas toujours le patrimoine vécu, ressenti, imaginé. Le patrimoine doit faire sens, il doit nous parler pour que se développe un sentiment d’appartenance territoriale, ça rejoint la question de l’identité. Le patrimoine est éminemment sensoriel : il s’entend, se sent, se goûte, se touche et bien sûr se voit », introduit Hervé Marchal, sociologue à l’université de Dijon. Il rappelle que le patrimoine possède des atouts très forts : tourisme, attractivité, maintient d’une diversité culturelle, protection de la biodiversité, engagement citoyen, sentiment d’appartenance, création d’emploi…

Carine Duplessis, directrice du CAUE (Conseils d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement) de la Haute-Marne, à ensuite détaillé les missions du CAUE : conseils en amont pour les communes et les particuliers, médiation ou facilitation de projets pour le conseil municipal ou les habitants, sensibilisation et formation du public. « Le CAUE est un organisme indépendant de droit privé avec une mission d’intérêt général qui conseille, forme, informe et sensibilise, bref il apporte une aide à la décision », résume-t-elle.

« Le patrimoine on vit dedans au quotidien, ce n’est pas seulement un bâti ou un monument historique, c’est aussi le chemin sur lequel on marche, les champs qui nous entourent, les bois qui entourent les champs, des zones naturelles à l’entrée du village ou encore les ruisseaux qui traversent le village », explique Jean-Pascal Lemeunier, architecte des Bâtiments de France à la Préfecture de la Haute-Marne. Selon lui notre département a conservé « une qualité de bâtis et de cadre de vie que les gens ne réalisent pas, il suffit de se rapprocher de Paris pour voir que certains villages n’ont plus aucune âme ».