Le 2 avril, des moutons et des chevaux ont traversé la ville de Chaumont, pour le plus grand plaisir des habitants. Le public a ensuite pu assister à une conférence sur la transhumance.
Cet évènement est à l’initiative de Charline Renaud, Mallaury Rivet, Salomé Fouchet, étudiantes en deuxième année de BTS Production Animale au lycée agricole de Choignes, en partenariat avec la ville de Chaumont. L’éleveur Hugues Fischer, de Vouécourt, a mis à disposition 22 brebis, et Bruno Bablon, de Fresnoy en Bassigny, 6 chevaux Ardennais. Le cortège a fait un parcours de 4 km, du lycée agricole jusqu’aux halles. Le public a été surpris de voir des animaux ainsi déambuler dans la ville et a particulièrement apprécié la démarche, en particulier les enfants. En parallèle se tenait un marché de producteurs aux halles, ainsi qu’une conférence sur la transhumance à la mairie.
Nombreuses vertus
Laurent Solas, conseiller ovins à la Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire, a exposé les atouts de la transhumance. Cette pratique ancestrale (qui concerne les ovins, mais également les bovins, les équins et les caprins) a des vertus agronomiques car elle libère des surfaces à proximité des fermes pour réaliser les stocks de fourrages hivernaux. Les avantages sont également zootechniques en valorisant une herbe de bonne qualité tout en limitant la pression parasitaire. Laurent Solas pointe aussi l’aspect sociétal, par l’entretien du paysage, la lutte contre les catastrophes naturelles (feu de forêt et avalanches) et la création de lien social. « Les gens accompagnent les animaux, ce qui crée un échange entre le milieu agricole et urbain, comme on peut le voir aujourd’hui », indique-t-il.
Si la transhumance est surtout connue en montagne, elle peut se pratiquer en plaine. On parle alors de pâturage de surfaces additionnelles. De nombreuses surfaces sont pâturables en plaine, par exemple les vignes et vergers qui ont l’avantage de présenter une pression parasitaire très faible. Il y a aussi les couverts végétaux, le pâturage n’ayant pas d’effet négatif sur les rendements de la culture suivante, bien au contraire. « Par rapport au broyage, on gagne 6 unités d’azote rapidement disponibles et on a une diminution de 60 % des limaces en sortie de pâturage », souligne Laurent Solas.
Excellente valeur alimentaire
Faire pâturer des couverts agronomiques permet d’alléger les charges de cultures et d’alimentation : -30 min/ha de temps de travail, -21 €/ha de charge de matériel et -7 €/ha de fuel. Cela apporte également d’excellentes valeurs alimentaires pour les animaux : « On est sur l’équivalent d’une herbe de printemps », assure Laurent Solas.
Le pâturage de surfaces céréalières est possible, mais à condition d’être très technique et très vigilant. « Il faut faire un pâturage très rapide et très précautionneux par rapport au stade épi », prévient le technicien ovins.
Là aussi la valeur alimentaire est excellente tout en limitant le développement des maladies et des limaces. De plus la présence de feuille nécrosée en sortie d’hiver se réduit de 53 %. Les végétaux sont plus vigoureux et démarrent plus facilement.
Il est également possible de faire pâturer des pairies libérées par les bovins en hiver, sans risque parasitaire pour ces derniers. L’herbe sera de meilleure qualité au printemps suivant avec 15 % de légumineuses supplémentaires.
Eco-pâturage
L’éco-pâturage se développe dans les villes (comme à Langres et Chaumont) pour entretenir les parcs et espaces verts des communes et des entreprises, ou encore les bordures de route, d’autoroute ou de voie ferrée. « L’éco-pâturage est une pratique vertueuse qui contribue à limiter les émissions de gaz à effet de serre et l’utilisation de désherbant », souligne Laurent Solas. Toutefois, le nombre d’animaux doit être bien adapté en fonction de la ressource et le travail peut devenir chronophage du fait des nombreux lots à gérer.
Enfin, les moutons peuvent faire l’entretien de centrales photovoltaïques ou simplement être utilisés en agrivoltaïsme. En dessous des panneaux, la pousse d’herbe est moindre, mais sa qualité est maintenue. Les panneaux doivent être suffisamment hauts pour éviter que les animaux les détériorent et permettre à l’éleveur de garder un œil sur son troupeau.