Lors ces cantonales le Dr Lejeune a répondu aux interrogations des éleveurs.

Les maladies vectorielles seront de plus en plus fréquentes

Lors de ses cantonales le GDS 52 a mis l’accent sur les maladies émergentes en Haute-Marne avec l’intervention du Dr Thibault Lejeune. Le vétérinaire a fait le point et a rappelé les consignes sanitaires.

Les cantonales du GDS de Haute-Marne ont été l’occasion d’évoquer l’actualité sanitaire du département. Tout d’abord la paratuberculose, qui a maintenant un nouveau référentiel. Le statut « garantie » devient « favorable », avec deux niveaux de classification. Le statut favorable B est obtenu à partir de deux dépistages consécutifs réalisés sur tous les bovins de plus de 24 mois avec des résultats favorables.

Le statut favorable A est obtenu dès le 3ème dépistage favorable. Les contrôles suivants sont à réaliser une campagne sur deux. Désormais tout bovin introduit doit faire l’objet d’un contrôle sérologique à partir de 18 mois, quel que soit le statut du cheptel vendeur. Enfin, l’élimination des bovins non négatifs est obligatoire.
Un nouveau référentiel est également mis en place en BVD : un élevage doit avoir au moins 95 % de marquage non IPI pour être déclaré conforme. « Il y a encore une quarantaine d’élevages haut-marnais qui ne dépiste pas leur cheptel en intégralité. C’est inadmissible que tout le monde fasse des efforts pour sortir de la BVD, mais qu’il y ait encore des élevages qui ne jouent pas le jeu », souligne Francis Populus, président du GDS.
Concernant l’IBR 94,4 % des cheptels haut-marnais sont indemnes. Une aide de 300 euros par bovin positif éliminé est toujours disponible. L’objectif national étant d’éradiquer la maladie en 2027, la réglementation devient plus stricte. A partir de 2026 les bovins issus de cheptel « non indemne d’IBR » n’auront pas d’autre destination que l’abattoir.

Multiplication des vecteurs


La DNC (dermatose nodulaire contagieuse) est aux portes de la Haute-Marne. La découverte d’un foyer dans le Doubs fin novembre modifie la zone réglementée n°4 qui couvre une partie de la Côte d’Or et de la Haute-Saône (voir carte). Le GDS conseille de réaliser des contrôles à l’introduction et de ne pas acheter de bovins originaires des zones de surveillance. Les restrictions de mouvements, les mesures de biosécurité et la surveillance des animaux restent primordiales au vu de l’évolution rapide de la situation.
« Il faut limiter les mouvements pour éviter que la maladie ne se diffuse à l’extérieur, mais aussi à l’intérieur même d’un élevage », déclare le Dr Lejeune, représentant au groupement technique vétérinaire du Grand Est. « Il est indispensable d’être vigilant pendant encore au moins 14 mois après le dernier foyer identifié ».

« Les maladies vectorielles sont malheureusement les schémas d’avenir. A cause de l’évolution climatique, nombre de vecteurs comme les mouches et les insectes se multiplient et migrent », indique le Dr Lejeune. D’où l’importance d’utiliser des antiparasitaires comme moyen de prévention. La DNC peut aussi se transmettre par les sécrétions (lait, larmes) ou par du matériel médical contaminé. La maladie se diffuse rapidement, pour rappel 70 foyers ont été détectés en seulement 50 jours en Savoie et Haute-Savoie.

La FCO, qui a plus de 20 souches différentes, a également une diffusion rapide, jusqu’à 100 km en une semaine. La maladie est toujours présente dans notre département. Depuis août dernier 502 bovins et 24 ovins ont été déclarés positifs au sérotype 3, ainsi que 15 bovins et 2 ovins positifs au sérotype 8. Le Dr Lejeune rappelle l’importance de la vaccination dans la lutte contre la FCO. « Doivent être vaccinées en priorité les bêtes qui rapportent de l’argent immédiatement. Le coût d’un vaccin est relativement minime par rapport à la valorisation du lait ou de la viande ».

La besnoitiose est incurable


La besnoitiose bovine est une maladie récemment arrivée en Haute-Marne avec 11 élevages infectés ou suspects. Depuis trois ans le GDS 52 détecte les élevages porteurs du parasite lors des prophylaxies. Là aussi il est recommandé de réaliser des analyses à l’introduction. « C’est le seul moyen de dépister, car la plupart des animaux restent asymptomatiques pendant très longtemps », insiste le Dr Lejeune.

Les conséquences économiques sont importantes : jusqu’à 10 % de mortalité, infertilité des mâles, chute de la production de lait et de viande, risques d’avortement, réformes anticipées… « La maladie est incurable, une fois l’animal infecté, il le reste à vie », prévient le vétérinaire. La lutte contre la besnoitiose bovine est difficile, car il n’y a pas de vaccin et pas de réglementation contraignante au niveau national.

Les ruminants ne sont pas les seuls animaux confrontés à des maladies vectorielles émergentes. Le virus du West Nile, appelé également virus du Nil Occidental, peut infecter les chevaux et l’Homme.
Toutefois il ne peut y avoir de transmission directe entre ces deux derniers, c’est ce qu’on appelle des cul-de-sac épidémiologiques. Les symptômes sont une hyperthermie et une baisse de l’état général. Chez l’Homme cela peut entraîner des méningites ou des encéphalites assez puissantes. « C’est une maladie règlementée qui se développe en Europe depuis 10 ans. Elle est présente habituellement dans le sud de la France, mais maintenant elle gagne du terrain », prévient le Dr Lejeune qui ajoute que deux habitants de Seine-et-Marne ont été infectés par le virus l’été dernier.